Je construis mon projet de jeûne

Pourquoi un projet de jeûne ?

J’ai dans mon entourage quelques personnes centrées et calmes, maîtrisant déjà les principes d’une excellente hygiène de vie, à qui il arrive assez souvent de jeûner spontanément pendant plusieurs jours. Au gré de leur intuition et de l’appel au repos de leur corps elles sont capables d’arrêter de manger, du jour au lendemain, et ce quel que soit leur contexte du moment.

J’ai aussi vu beaucoup de personnes aborder le jeûne sans grande préparation et sans projet construit. Certes, pour la plupart elles ont réussi à ne pas manger pendant plusieurs jours, mais ont-elles vraiment jeûné ?

En effet, la majeure partie des individus trouveront un intérêt certain à construire un projet structuré pour leur temps de jeûne, et ce afin de pouvoir accéder à toutes les dimensions du jeûne.

Certaines personnes ont une facilité à arrêter de manger. Mais pour la majorité, il s’agit d’un réel effort, avec ses moments d’inquiétude et d’inconfort dans les premiers jours. L’efficacité de notre temps de préparation et le contexte dans lequel on se trouve au moment du jeûne déterminera souvent si l’expérience sera une suite de désagréments ou au contraire si on le vivra dans le calme euphorique que seul le jeûne permet.

Rien n’empêche (hors contre-indications !) de pratiquer quelques jours de jeûne comme un petit temps de nettoyage physique. Mais sans préparation particulière et sans pouvoir se soustraire à ses responsabilités quotidiennes le fait d’arrêter de manger permettra seulement un temps de repos digestif relatif. Il s’agit d’une approche très limitante du jeûne, qui, pour certaines personnes fragiles peut s’avérer plus délétère qu’utile.

Je me souviens d’une dame que j’ai accompagnée pendant sa préparation à un jeûne long de vingt-neuf jours, qu’elle a mené dans un centre spécialisé. Elle a entrepris ce jeûne pour des raisons de santé physique, et ne voulait rien savoir aux autres dimensions du jeûne. Elle n’envisageait pas non plus de faire des changements dans son alimentation, elle tenait à ses plats très riches et à une consommation très régulière de vin, dont la grande qualité ne compensait malheureusement pas la quantité considérable ingérée. Elle décida du jeûne très long afin de régler efficacement ses problèmes de santé et pouvoir ensuite reprendre ses habitudes alimentaires. Elle préféra faire un grand effort une fois, plutôt qu’observer une hygiène de vie dans la durée. Cependant, elle dut se soumettre aux deux mois de préparation, qui étaient essentiels compte tenu de son point de départ très éloigné de l’objectif. J’ai été très touchée de voir sa relation à la nourriture évoluer au cours de ce temps de préparation, tant son corps accueillait cette douceur de vivre d’une nouvelle sorte. Et ce, avant même que le jeûne commence.

Le jour du début, ou plutôt la suite, de la grande aventure arriva en fin, et ce fut, jour après jour, une joie de recevoir les nouvelles de l’accélération de son évolution personnelle. Elle s’était préparée à une période éprouvante et ennuyeuse. Elle vécut une expérience enivrante, immergée dans la nature, et put passer en revue et améliorer non seulement sa relation à la nourriture mais aussi aux autres et à son travail. Elle n’a pas regardé en arrière depuis.

Chaque année, lors de retraites de jeûne que je co-anime avec Marc Beuvain, je suis ravie de voir les visages, parfois crispés pendant les premiers jours par une certaine anxiété, se détendre au fil de la semaine et les cœurs s’ouvrir. Les participants parlent de l’intensité de leur perception, par exemple des couleurs de la végétation, du chant des oiseaux, de la lumière. Certains s’étonnent de leur capacité à courir plusieurs kilomètres tandis que d’autres essaient de relater avec des mots leurs sensations vécues pendant leur traversée à la nage du lac au clair de la lune, activité rendue possible lors d’un regain d’énergie inattendu. D’autres profitent intensément d’un repos bien mérité et réellement réparateur.

Ce vécu est rendu accessible pour la plupart d’entre eux par une bonne préparation et un contexte approprié.

Plusieurs éléments sont à considérer :

• L’allègement progressif de l’alimentation ;
• La préparation des émonctoires.

Mais aussi par exemple :

• L’environnement, le rôle de la nature ;
• La réduction du stress et des responsabilités ;
• La pratique spirituelle.

Si le protocole de la préparation physique doit être très structuré, votre réflexion quant au contexte du jeûne doit l’être tout autant.

Beau jeûne à vous !